Musique capverdienne : Boy Gé Mendes
Boy Gé Mendes, Gérard Mendes Sequeira pour l'état-civil, est né à Dakar, capitale sénégalaise accueillant plusieurs
milliers d'immigrés venus du Cap-Vert comme ses parents, mais aussi d'autres pays voisins.
Une cité cosmopolite, animée, bouillonnante, fêtarde malgré les difficultés, riche de musiques et de rythmes à découvrir dans des bals,
dans des bars ou dans des discothèques.
La diaspora capverdienne à Dakar avait permis au groupe mythique Voz de
Cabo Verde de gagner de l'assurance avant de conquérir les autres pays d'émigration. Et elle vit naître en son
sein le petit Boy Gé, celui qui allait, le premier (avant une certaine diva aux pieds nus) propulser la musique de
l'archipel dans les hit-parades internationaux. C'est à Dakar qu'à l'adolescence il fourbit ses premières armes au
sein d'un groupe monté avec un frère.
Mais c'est à Joinville le Pont, dans les environs de la capitale française - avant qu'elle ne devienne capitale de
la world-music, concept que le marketing avait encore à inventer - que Gérard Mendes démarra réellement sa carrière en 1976 (après quelques problèmes avec les services de la conscription) en montant avec son frère et des amis le groupe
Cabo
Verde Show. Alors qu'il chantait jusque là sur des rythmes internationaux, Gérard Mendes et le Cabo Verde Show se
consacrèrent quasi exclusivement au son capverdien, dans les mélodies comme dans les rythmiques et les textes.
Avec le groupe, Gérard, Jean-Claude Mendes, Eça Monteiro, feu John Matias, Luis da Silva et
Manu Lima devinrent rapidement les idoles d'une génération de jeunes capverdiens, émigrés en France ou en Hollande, mais aussi dans l'archipel. Avec
un son caractéristique dû au jeu de Manu Lima aux claviers, Cabo Verde Show signa des tubes incontournables
aujourd'hui encore: "
Bo ca tem mas", "
Bo ca sabe", "
P.A.I", "
Joana", "
Mansinha", et surtout "
Casa ma um criola" (écrit par Gérard Mendès).
Mais notre héros quitte Cabo Verde Show pour former un nouveau groupe, aux influences plus larges, les
Mendes e Mendes,
avec moins de succès mais avec certainement plus d'espace et de liberté pour affiner les talents et développer les envies. Hormis son frère, le groupe compte bon nombre de musiciens du Cabo Verde Show, aidés d'amis antillais dont de futurs grands noms, tout ce petit monde se réunissant aussi pour des sessions du
Cabo Verde Band: sur scène, les trois groupes se confondent.
Quelques années plus tard, après d'autres recherches en compagnie de la formation
O'Asah, Gérard Mendes se lance enfin en solo sous un nouveau nom d'artiste: "Boy Gé Mendes", un diminutif jusque-là réservé à ses amis du côté de Dakar.
Et c'est sous ce nom que la France puis le monde le découvre au début des années 90 comme auteur-interprète du tube "
Grito di bô fidje"; chanté en créole, le morceau fait le tour des radios, fait l'objet d'un accord de pub avec une marque de lessive, c'est un véritable succès et en même temps un croche-pied au destin, puisque la chanson parle des échecs, de la
souffrance et de la misère d'un capverdien loin de son pays.
Une fois le succès passé, Boy Gé voyage en solitaire, pour recueillir des sonorités, des thèmes, des couleurs,
pour partir à la rencontre du jazz, de la salsa, de la samba lente, de la cumbia, du reggae qu'il affectionne. Et c'est sur sa route, lors d'un passage au Cap-Vert, qu'il croise
Manu Lima (Cabo Verde Show): les deux compères enregistrent un
nouvel album, "Di Oro" qui sort en 1996.
Le retour aux racines et la promenade dans l'archipel sont bénéfiques
puisque, l'année suivante, sous les louanges de la critique, Boy Gé publie "Lagoa", véritable carnet de voyage
musical recelant d'incroyables pépites (
Nha Tchon,
Joia,
Beijo de Longe,
Pampario,
Cumba Ietu,
Choros,
Ayuweh), où
les influences s'entremêlent; malgré le succès, malgré l'intérêt manifesté par des DJs renommés, l'appel du Cap-
Vert est le plus fort et le chanteur quitte la Côte d'Azur où il vivait pour se poser plusieurs années à Mindelo.
Il y puise de nouvelles inspirations, s'immisce dans la réalité d'un pays où il n'avait encore jamais vécu, et de
nouveaux thèmes apparaissent. Comme pour le remercier de s'être rapproché,
CESARIA EVORA
Surnommée Diva aux pieds nus, native de São Vicente, a fait connaître le Cap-Vert à travers le monde. Disparue fin 2012.
Dernier album posthume:
Mãe Carinhosa (2013)
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© Mindelo InfosCesaria Evora enregistre l'une de ses
compositions, et probablement à force de participer à nombre d'entre elles, Boy Gé Mendes publie "Noite de
Morabeza", un album moins voyageur, aux préoccupations bien plus iliennes, avec toujours le même son élégant,
recherché, pour ne pas dire sophistiqué, mais léger, doux, fluide et suave.
Avec la commercialisation en 2007 d'un best of (strictement limité à ses anciens morceaux publiés chez Lusafrica,
et donc amputé de Grito di bo Fidje, par exemple), on peut a priori imaginer qu'un nouvel album de Boy Gé Mendes
est en préparation, album que ses fans attendent depuis l'an 2000.
Mise-à-jour octobre 2007: on parle d'un nouvel album du groupe
Cabo Verde Show que Boy Gé Mendes réintegrerait.
Remerciements à Jacques Nazaire et à Jorge.
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