Festival de Baia das Gatas 2004
HOMMAGE A BANA
Les 27, 28 et 29 août 2004, vingt ans après sa création, le Festival de Baia das Gatas attirait une foule immense venue de Mindelo, des îles voisines et de l'étranger. L'affiche était prometteuse et les concerts furent à la hauteur des rêves du public: venus d'Afrique, du Brésil ou des Antilles, les artistes étrangers ont contribué avec les artistes locaux à faire de cette édition un événement inoubliable.
VENDREDI
Comme chaque année, la ville de Mindelo s'est progressivement vidée dans l'après-midi du vendredi 27 août: des centaines de voitures, de camions, d'aluguers et d'autocars se sont dirigées vers la côte Est de l'île de São Vicente, à 15 kilomètres de la ville. Lieu de villégiature des classes aisées tout au long de l'année, la Baie des Requins-Chats est prise d'assaut pendant les 3 jours que dure le festival en plein air: des familles installent leurs tentes tout le long de la plage et des sonos diffusent du zouk ou du reggae à longueur de journée.
En soirée, accompagné de musiciens capverdiens, le chorégraphe Tony Tavares ouvre officiellement l'édition 2004 du Festival. Le groupe Serenata enchaîne en jouant de grands standards capverdiens: dans la bonne humeur, le public reprend en choeur les refrains de mornas et de coladeiras chantées 30 années plus tôt par Bana, l'artiste à qui le festival rend hommage cette année.
Le groupe Mindelo All Stars monte sur scène pour accompagner d'autres artistes mindelenses à qui d'ultérieures éditions du festival devront rendre hommage:
JORGE HUMBERTO
Tout comme Herminia, Jorge Humberto est probablement l´artiste le plus touchant du petit pays qu´il nous fait aimer davantage. Sa voix chaleureuse mais comme cassée par l´existence, ses textes uniques font de lui un compositeur-interprète incontournable.
Dernier album en date:
Ar Pur (2014)
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© Mindelo InfosJorge Humberto ouvre le bal.
S'il avait disparu pendant quelques années des radios capverdiennes, le public n'a pas oublié ce petit homme émouvant à la voix troublante. Les morceaux de sa composition étaient vite repris par des milliers de spectateurs; le nouvel album en préparation est promis à un bel avenir.
Un invité-surprise lui a succédé:
TITO PARIS
Sa voix et sa créativité lui ont permis de devenir l´un des artistes les plus appréciés au Cap-Vert et à l´étranger, particulièrement au Portugal où il réside. Nouveau disque annoncé pour 2014.
Dernier album en date:
Tito Paris Acustico na Aula Magna (2006)
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© Mindelo InfosTito Paris, le choucou surdoué de Mindelo, a quitté son restaurant lisboète et les grandes scènes internationales pour passer des vacances dans sa ville natale. Acclamé par la foule, il n'enchaine hélas que deux morceaux pour laisser la place à
Vlù qui interprète ses compositions, et en particulier quelques hymnes du carnaval. Généralement peu amateurs de musique jouée à grands coups de guitare électrique, les jeunes font comprendre qu'ils aiment ce mélange de rock et de samba.
La voix rauque de
Diva vient accompagner Vlù sur plusieurs morceaux plus romantiques ou plus soul, pour conclure sur un "Soncente é sabe, Mindelo é d'kel bom!" qui électrise un peu plus encore les spectateurs avant l'intervalle.
On en profite pour aller se restaurer dans l'une des nombreuses baraques envahies par la fumée des barbecues. Plusieurs tonnes de brochettes de porc, de murène frite et de cuisses de poulets sont englouties entre des rasades de bière ou de grogue, jusqu'à ce que l'accordéon de
FERRO GAITA
Groupe emblématique du Funana, style musical traditionnel et populaire sur l´ile de Santiago, joué à l´accordéon. Les Ferro Gaita ont dépassé les dix ans d´existence.
Dernier album en date:
Festa Fora (2015)
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© Mindelo InfosFerro Gaita sonne le rappel des amateurs de funana pour ce qui sera l'un de ses meilleurs concerts.
Bien que jouant régulièrement à Mindelo, le groupe de Santiago est accueilli avec un enthousiasme grandissant, le public connait tous les morceaux pourtant chantés en badiu (le créole parlé à Praia), il n'y a pas ici de place pour le bairrisme (forme de racisme inter-îles). Devant la scène et sur la plage au clair de lune, tout le monde se déhanche en cadense au rythme du funana.
Rien ne peut plus arrêter les vingt à trente mille spectateurs: la fête est lancée et ça n'est pas la semba angolaise de
Bonga qui la freinera. La voix extraordinaire de ce grand ami du Cap Vert hypnotise la foule, qui s'amuse à chacune de ses plaisanteries lancées en créole.
Marquant le rythme en frappant ou grattant une tige de canne à sucre, peu avare de son énergie, montrant des pas de danse de semba, Bonga joue pour la première fois à Baia mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il est ici chez lui. Dans la foule, quelqu'un crie "Bonga é caboverdiano" et l'intéressé enchaîne sur "Sodade" (qu'il avait chanté bien avant
CESARIA EVORA
Surnommée Diva aux pieds nus, native de São Vicente, a fait connaître le Cap-Vert à travers le monde. Disparue fin 2012.
Dernier album posthume:
Mãe Carinhosa (2013)
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© Mindelo InfosCesaria Evora, dès 1972) qui finit de charmer les derniers irréductibles.
SAMEDI
Le trafic est dense sur la route qui mène jusqu'à Baia, on devine dès les premiers kilomètres qu'il y aura du monde, beaucoup de monde, plus que pour la course de chevaux qui s'est déroulée dans l'après-midi. De l'avis de tous, c'est la soirée la plus importante du festival: d'abord parce qu'on rendra hommage à
BANA
De très loin le doyen des chanteurs capverdiens, de la génération de Voz de Cabo Verde, un véritable crooner chantant mornas et coladeiras. À la tête d´une discographie impressionnante. Disparu en juillet 2013.
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© Mindelo InfosBana, ensuite parce qu'il n'y a que des têtes d'affiche très attendues. Le lendemain, les organisateurs annonceront 60000 spectateurs, mais on se rappellera que, depuis quelques années, le festival a troqué son côté culturel pour un côté plus commercial et plus touristique: les annonceurs et sponsors aiment les gros chiffres (cela dit, quand on a vu le producteur José da Silva danser sur du Bob Marley et sur du Junior Murvin, on est en droit de penser que ce monsieur ne peut pas être foncièrement mauvais).
Les festivités commencent avec l'arrivée de
BANA
De très loin le doyen des chanteurs capverdiens, de la génération de Voz de Cabo Verde, un véritable crooner chantant mornas et coladeiras. À la tête d´une discographie impressionnante. Disparu en juillet 2013.
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© Mindelo InfosBana sur scène. Difficile de décrire la tendresse qu'ont plusieurs générations de capverdiens pour ce vieux géant qui a enregistré plus de disques que la Diva mondialement connue. Tout l'archipel connait ses succès, en solo ou au sein de
Voz de Cabo Verde. Il est respecté et l'hommage qui lui est rendu, même s'il est tardif, n'est que légitime: il est couronné ce soir, mais cela fait bien longtemps qu'il était déjà roi de la morna et de la coladeira.
A 72 ans, on ne peut évidemment pas attendre de
BANA
De très loin le doyen des chanteurs capverdiens, de la génération de Voz de Cabo Verde, un véritable crooner chantant mornas et coladeiras. À la tête d´une discographie impressionnante. Disparu en juillet 2013.
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© Mindelo InfosBana un show endiablé: assis sur une chaise haute, il chante une dizaine de succès dont le rythme semble avoir été ralenti. Seule la dernière coladeira, "Mexe Mexe", est entrainante. Mais le public était conquis d'avance et l'ambiance est extraordinaire, même si une bannière affirmant "Bana, on espère que [ce concert] ne sera pas le dernier" laisse une drôle d'impression. Le héros de la nuit reçoit son trophée des mains de Dra Isaura Gomes, la nouvelle présidente de la Camara Municipal de São Vicente.
Le deuxième événement de la soirée ne tardera pas à arriver sur la scène. A l'annonce de son nom, la foule s'emballe et les cris de joie couvrent les premières notes de musique.
Assistée de l'incontournable Toy Vieira,
LURA
Reconnaissable entre mille par sa voix grave, Lura est une jeune chanteuse pleine d´énergie ayant connu un grand succès en chantant du batuque d´Orlando Pantera et du funana de Katchas et de Bulimundo.
Dernier album en date:
Eclipse (2009)
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© Mindelo InfosLura vient elle aussi chercher un trophée à Baia, mais celui-ci est informel car c'est celui de la révélation de l'année: contrairement aux deux précédents, son nouvel album a fait un tabac en 2004, en bonne partie grâce à ses formidables reprises de feu
ORLANDO PANTERA
Disparu jeune sans enregistrer d´album, Orlando Pantera a étudié et rénové le batuque traditionnel, signant ainsi des morceaux que l´on découvre avec bonheur encore aujourd´hui. Un des géants de la musique capverdienne, à qui nous avons consacré un site entier.
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© Mindelo InfosOrlando Pantera mais aussi à ses propres compositions.
Les capverdiennes et les capverdiens aiment
LURA
Reconnaissable entre mille par sa voix grave, Lura est une jeune chanteuse pleine d´énergie ayant connu un grand succès en chantant du batuque d´Orlando Pantera et du funana de Katchas et de Bulimundo.
Dernier album en date:
Eclipse (2009)
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© Mindelo InfosLura, ils ont pu et su le lui montrer en cette nuit de pleine lune.
Ceux de São Nicolau, de Santo Antão, de Sal, de Boa Vista, de Santiago et de São Vicente sont là, ils cotoient ceux venus du Portugal, de Hollande, des Etats-Unis, de France.
LURA
Reconnaissable entre mille par sa voix grave, Lura est une jeune chanteuse pleine d´énergie ayant connu un grand succès en chantant du batuque d´Orlando Pantera et du funana de Katchas et de Bulimundo.
Dernier album en date:
Eclipse (2009)
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© Mindelo InfosLura incarne et réunit les deux Cap Vert, celui de l'intérieur, celui des campagnes, qu'elle chante, et celui de l'extérieur, où elle habite.
Les thèmes abordés dans son album "Di korpu ku alma" touchent le capverdien resté au pays et qui garde espoir, et ils touchent aussi l'émigrant qui veut concilier ses racines et le mode de vie américain ou européen.
Cette jeune et belle femme pleine d'énergie est un ouragan sur scène. Si elle s'asseoit, c'est uniquement pour battre le batuque sur un coussin posé sur les cuisses. Elle est partout, passe d'un côté de la scène à l'autre en trois enjambées, elle ne s'arrête jamais, virevolte, saute, danse la sonjom avant de nouer un foulard autour des reins pour exécuter un batuque... Avec toujours un large et franc sourire aux lèvres, parce qu'elle sait apprécier ce qui lui arrive, elle est en plein état de grâce.
Ce soir-là, devant la scène ou devant l'écran de télévision, c'est tout le Cap Vert qui assiste et participe au bonheur de
LURA
Reconnaissable entre mille par sa voix grave, Lura est une jeune chanteuse pleine d´énergie ayant connu un grand succès en chantant du batuque d´Orlando Pantera et du funana de Katchas et de Bulimundo.
Dernier album en date:
Eclipse (2009)
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© Mindelo InfosLura.
Avec
LURA
Reconnaissable entre mille par sa voix grave, Lura est une jeune chanteuse pleine d´énergie ayant connu un grand succès en chantant du batuque d´Orlando Pantera et du funana de Katchas et de Bulimundo.
Dernier album en date:
Eclipse (2009)
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© Mindelo InfosLura, on aura assisté au dernier concert de musique capverdienne "traditionnelle", les prochains participants joueront d'autres styles musicaux: une bonne part du festival est dédiée à la jeunesse de São Vicente, les organisateurs ayant entendu ceux qui prétendaient qu'elle avait été oubliée ces dernières années. Dans un pays où la moitié de la population a moins de 17 ans, il est électoralement risqué de la décevoir...
Sitôt
LURA
Reconnaissable entre mille par sa voix grave, Lura est une jeune chanteuse pleine d´énergie ayant connu un grand succès en chantant du batuque d´Orlando Pantera et du funana de Katchas et de Bulimundo.
Dernier album en date:
Eclipse (2009)
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© Mindelo InfosLura partie sous les applaudissements, on part en quête d'un rafraichissement: la nuit sera encore longue et il fait très chaud. Du coup, l'ivoirienne Pierrette Adams voit la première partie de son show quelque peu boudée. En général, la musique du continent n'a pas encore conquis les capverdiens, kuduro mis à part. Mais l'ambiance est bonne et l'ivoirienne repart sous les applaudissements, l'heure est à la fête et rien ne vient la ternir, pas même les bagarres si redoutées. Il y a une centaine de policiers (pour plusieurs dizaines de milliers de spectateurs!), mais tout se passe dans le calme, avec le sourire, on se salue, on s'embrasse.
L'arrivée de
Splash sur scène revigore ceux qui s'étaient assoupis, le zouk/cabo-love chanté par Grace Evora remporte toujours le même succès sur Soncente. Les jeunes filles grimpées sur les épaules des copains envoient des baisers à ces vedettes vivant habituellement en Hollande mais dont les morceaux sont des tubes au Cap Vert et en Angola.
Après une longue pause, c'est une autre formation star qui déboule sous les projecteurs et qui attire une foule compacte et impatiente devant la scène. Les antillais de
Kassav ont inventé le zouk et ont toujours été idolâtrés au Cap Vert où ils s'étaient déjà produits en 1991.
Deux ou trois générations se retrouvent dans la musique de Jacob Desvarieux, Jean-Claude Naimro, Jean-Philippe Marthély et Jocelyne Beroard, même les plus jeunes connaissent ces noms magiques, réputés pour avoir directement inspiré le désormais célèbre zouk capverdien. L'immense bannière rouge "I love you Kassav" rappelle ce lien spécial et affectueux entre le Cap Vert et les Antilles.
L'année précédente, l'annulation du concert de l'ex-Kassav Patrick Saint-Eloi avait déçu de très nombreux fans, mais, en 2004, le groupe au complet est bel et bien sur la scène de Baia. Malheureusement, ni Desvarieux ni Beroard ni Naimro ne savent parler portugais (mis à part un "boa tarde" lancé à tout hasard à une heure du matin), et le public n'est pas parfaitement francophone, ce qui réserve quelques incompréhensions mutuelles. Rien de grave cependant, l'assistance n'a pas besoin de cours de langue pour se mettre à danser sur cet autre créole venu de la pas-si-lointaine Karukera.
Car le show de
Kassav aura été sans conteste le moment le plus remuant du festival; le groupe a réussi à captiver l'énergie de tous les spectateurs, on danse en solo ou en collé-serré en tentant d'imiter les inévitables chorégraphies du groupe sur scène.
Après une publicité pour une chaine de pizzerias locale
(clin d'oeil clin d'oeil), l'annonce du tournage d'un clip live pour le dernier album provoque une acclamation générale: les légendes vivantes du zouk ont choisi Baia et le Cap Vert pour tourner un mini-film, ce choix est vécu comme une reconnaissance, presque comme une filiation, c'est le délire dans toute la baie, les requins prennent peur et s'enfuient, on en retrouvera jusqu'à Gibraltar.
Le tournage est suivi d'un dernier "
zouk la cé cel médicaman nou ni" d'anthologie, les lumières s'éteignent,
Kassav regagne les coulisses, il est plus de trois heures du matin, les visages sont fatigués mais heureux, il faut rejoindre les tentes, l'éphémère boite de nuit As Ruinas ou la route vers Mindelo, où des centaines de véhicules sont déjà bloquées.
DIMANCHE
Pour la dernière journée du festival, les concerts commencent plus tôt et attirent moins de monde que la veille, alors que les héros de la veille se reposent sur la plage de São Pedro, de l'autre côté de l'île, où Lura tourne son nouveau clip "Na ri na" en compagnie d'une future star internationale
(clin d'oeil clin d'oeil). A Baia, la programmation vise délibérément la jeunesse capverdienne, avec du rap, du raggamuffin et du reggae, et les amateurs sont venus nombreux. Mais on perçoit la fatigue après deux jours de danse et des nuits bien trop courtes.
L'après-midi commence avec la performance d'un collectif de hip-hop de Mindelo, suivi du concert d'
African Roots, formation qui en est à sa 4ème prestation à Baia.
Le groupe alterne des reprises de Bob Marley et des compositions fustigeant le sida, la drogue, la dégradation du milieu ambiant, etc. Jimmy et ses collègues sont issus de la grande vague reggae qui a touché l'île dans les années 80-90 et qui avait vu Gregory Isaac jouer (un peu vite) à Mindelo.
Formé plus récemment, le groupe
Blackside a cependant déjà réussi à placer quelques tubes dans les radios locales. Son raggamuffin parfois teinté de rap rassemble de plus en plus de monde, et si l'attitude reprend parfois celle un peu caricaturale des clips américains,
Blackside délivre des messages positifs.
Victimes d'une pause un peu longue, les brésiliens de
Tribo de Jah ont la mauvaise surprise de commencer leur set devant un parterre déserté. Sans états d'âme et sans complexe, ils lancent leur reggae déjà connu à travers le monde: quelques minutes plus tard, ils reprennent "Police & thieves" devant plusieurs milliers de personnes accourues de toutes parts. Entre deux versions de Bob Marley en brésilien, un bandeau "Tribo de Jah, Soncente é ma bzote" affirme que toute l'île est avec eux, et, sans confirmer, il faut bien admettre que le courant passe extrêmement bien entre le public et les rastas brésiliens.
Consultez la chronique de
Baia das Gatas 2005.
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