En (quasi) direct du Cap-Vert

Dans la rubrique des faits divers qui font peur, voici Zé Catana. Inconnu du grand public il y a deux semaines, il fait désormais le buzz au Cap-Vert depuis son arrestation à Praia sur l'île de Santiago.

La police le soupçonnait d'avoir assassiné José dos Anjos avec qui il cohabitait et d'avoir voulu faire disparaître son cadavre. L'enquête a vite révélé que Zé Catana avait dépecé et découpé le corps du malheureux ; plus sordide encore, le meurtrier avait vendu la chair dans le voisinage en faisant croire qu'il s'agissait de viande de mouton (peu répandue dans l'archipel).

Les enquêteurs ont par la suite obtenu de Catana - qui avait déjà passé 19 ans en prison pour un meurtre dans les années 80 - des aveux concernant la disparition et le meurtre de deux femmes sur l'île de São Vicente. La première femme aurait elle aussi été dépecée, sa chair étant alors vendue dans un quartier de Mindelo. Proche de Catana, la seconde victime a été assassinée, peut-être pour avoir voulu révéler la découverte macabre.

On vous rassure, c'est la première fois que de tels crimes sont commis au Cap-Vert, n'annulez pas vos vacances. Evitez juste la viande de mouton.

Toujours sur le thème "entrée/sortie", et quelques heures à peine après l'annonce du retrait des Peace Corps de l'archipel (voir news suivante), le retour du balancier nous amène d'autres individus tout aussi désintéressés. Une preuve de plus que la nature a horreur du vide.

Mindelo accueille ces jours-ci une délégation de l'Association Internationale pour la conscience de Krishna, liée à l'I.S.K.CON anglophone, autrement dit les Dévôts de Krishna ou encore Hare Krishna (d'après la prière que les adeptes doivent prononcer 1728 fois par jour).

Comme toute bonne secte qui se respecte, l'AICK donne au Cap-Vert des conférences dans les lieux prestigieux et publics au cours desquelles elle diffuse sa propagande, se construisant ainsi dans les pays en voie de développement une respectabilité qui lui est refusée ailleurs : depuis 1995, l'AICK est considérée en France comme secte).

Dans les années 2000, l'organisation mère (ISKCON) a dû faire face aux plaintes déposés par d'anciens membres qui prétendaient avoir été violés. Ce sont plus de 500 anciens élèves américains et indiens que la secte s'est engagée à indemniser, avant de se déclarer provisoirement en faillite.

L'année dernière, l'AICK en visite dans l'archipel avait pu rencontrer le Premier Ministre José Maria Neves et établir des liens avec le Ministère de l'Education avec lequel la secte souhaite coopérer.

Les bonnes nouvelles, c'est pas tous les jours, quand il y en a une qui passe sous le nez il faut en profiter.

Après 24 années de loyaux services, les Peace Corps américains quittent l'archipel et rentrent chez eux. Ça va faire un de ces vides, je ne suis pas sûr que vous vous rendiez bien bien compte.

Ces Peace Corps - Corps de la Paix -, ce sont des jeunes gens, ressemblant tous furieusement à Matt Damon, et des jeunes demoiselles rappelant toutes un peu la fille aînée de la famille Ingalls, et qui se sont portés volontaires pour appuyer pendant deux ans la politique de coopération américaine en allant travailler dans des pays en voie de développement.

C'est Kennedy qui avait créé les Peace Corps, officiellement pour aider les pays pauvres, accessoirement pour disposer d'un réseau d'informations supplémentaire pas inutile en pleine Guerre Froide. Quand ils ne confectionnent pas leurs légendaires et délicieux cookies aux noix de pécan sans noix de pécan, les jeunes gens et les jeunes demoiselles pondent cinq rapports par jour sur le pays où ils ont été dépêchés. Le reste du temps, ils font des réunions avec les jeunes du coin, les informent sur le sida, leur apprennent à faire des cookies ou les forment un peu nerveusement mais toujours vainement à la culture du pacanier.

Avec la perspicacité qui caractérise l'écrasante majorité des visiteurs de Mindelo Infos, vous aurez noté qu'il y a un tantinet moins de Guerre Froide et moins d'argent ces derniers temps. Ajoutez à cela que depuis 1988 (année du débarquement des premiers Damon & Ingalls dans l'archipel) le Cap-Vert s'est pas mal développé, le constat est rapide à établir: les Peace Corps peuvent s'en aller la tête haute, mission accomplie, pas de missiles russes à Santa Maria ou à Sal Rei, ils ont sauvé le monde.

Autrement dit, ils nous laissent seuls face à Al Quaida.

Nous voilà dans de beaux draps.

La chanteuse emblématique du Cap-Vert s'est éteinte aujourd'hui 17 décembre 2011 dans sa ville natale de Mindelo. Âgée de 70 ans, elle avait été hospitalisée la veille pour de sérieux problèmes respiratoires, trois mois après avoir annoncé qu'elle mettait fin à sa carrière musicale.

La double annonce du retrait et de l'hospitalisation de Cesaria Evora aura marqué l'actualité capverdienne en cette fin de mois de septembre.

La surprise est à la hauteur de la nouvelle, tant l'emprise de la diva sur la musique capverdienne est forte depuis son succès international il y a plus de vingt ans. Mobilisant les meilleurs compositeurs du pays ou en en révélant de nouveaux, ses onze albums ont rythmé la vie musicale de l'archipel ; on le sait, sa renommée a permis à de nombreux interprètes capverdiens de se faire connaître à l'étranger. S'il en était besoin, la compilation Cesaria & vient montrer la diva a aussi séduit les plus grands artistes à travers le monde : Caetano Veloso, Compay Segundo, Marisa Monte, Chucho Valdès, Goran Bregovic, etc.

Même s'il était un peu prévisible après ses problèmes de santé qui l'ont affaiblie ces cinq dernières années, son adieu à la scène résonne comme un coup de tonnerre. Il est bien stérile et bien vain de lui chercher une relève, la voix et le caractère de la chanteuse étant réellement uniques. On préfère espérer que ce retrait lui laissera le temps de se reposer pour lui permettre, qui sait, de retourner en studio.

En attendant, il ne faudrait pas pour autant en oublier les autres noms de la musique capverdienne : parmi ceux-ci, on a déjà évoqué ici à de nombreuses reprises celui de Tcheka. C'est, dans la nouvelle génération, probablement l'artiste dont le style est le plus éloigné de celui de Cesaria, avec un style éminemment personnel et créé de toutes pièces à partir d'influences qui ont su rester discrètes.

Avec son quatrième et nouvel album Dor de Mar sorti le 26 septembre 2011, il prolonge et enrichit ses explorations antérieures. Douze titres dans la continuité du dernier opus, "Longi", qui non sans risque avait déjà rompu avec le style débridé de Nu Monda, certainement son plus grand succès. Outre la reprise de Norberto Tavares, il s'agit là encore de onze récits, onze contes, onze moments d'une veillée durant laquelle Tcheka nous immerge dans la vie rurale de l'île de Santiago.

À une époque où trop de CD ressemblent à des vitrines pour touristes à force d'accoler tous les rythmes de la musique capverdienne, Tcheka propose un album aux arrangements cohérents, riche d'une forte identité et d'une réjouissante créativité.

Deux nouvelles activités viennent de se lancer, ce serait un pêché de ne pas en parler.

La première concerne celles et ceux qui se rendent à Santo Antão et à Ponta do Sol en particulier ; ils peuvent désormais profiter de sorties en mer au cours desquelles ils découvriront les montagnes de Santo Antão avec un tout autre point de vue.
Pour en savoir plus, consultez la page Sortie En Mer sur Mindelo Infos.

La seconde intéressera davantage de monde puisqu'elle s'adresse à tous les voyageurs préparant leurs vacances au Cap-Vert. Séjours établis ou circuits élaborés sur mesure, randonnées avec guide ou en liberté, trekking en groupe, achat des billets des vols inter-îles, le site Capvert-Voyage va vous rendre de sacrés coups de main ; et comme il s'agit d'une agence locale, ses tarifs sont nettement plus bas que ceux proposés en Europe. Allez, on vous redonne l'adresse: www.capvert-voyage.com.

L'auditorium du Centre Culturel de Mindelo accueillera le 9 juin à 18h une conférence à l'occasion du lancement du titre "Os Rabelados de Cabo Verde, historia de uma revolta", version portugaise du livre de la journaliste française Françoise Ascher sorti en 2010.

C'est certainement avec un peu de mélancolie que celles et ceux qui ont connu le "Mar Azul" apprendront qu'il vient de couler ce lundi 7 mars dans la baie de Mindelo.

Le ferry qui avait un temps assuré le transport de troupes avant d'être reconverti et d'être exploité sur la traversée São Vicente-Santo Antão rouillait depuis plusieurs années, il a fini par sombrer en ce jour de carnaval, à quelques mètres des anciens entrepôts d'Interbase eux-mêmes détruits en 2008 par un incendie.

(photo A Semana)