Mindelo et les îles Barlavento ont été traversées par le vent d'Harmattan, qui, comme chaque année, surcharge l'air de poussières et de sables, réduisant la visibilité. La compagnie aérienne préfère - à juste titre à mon humble avis - annuler les vols plutôt que de risquer d'abimer les moteurs et les équipements. A priori, rien n'empêche de décoller ni de voler, mais c'est une mesure de précaution, de bon sens et manifeste d'une bonne gestion du parc, on n'esquinte pas le matériel.
Bon. Mais les touristes et les voyageurs restent coincés au sol; pendant quelques jours, 3-4 au maximum, pas moyen de quitter leur île et de continuer leur séjour comme ils l'avaient prévu.
Jeudi dernier, fatigués d'attendre et de subir, il est vrai, le déficit d'informations qui fait la réputation de la TACV auprès de tous ses usagers, quelques français ont manifesté leur colère en organisant un sit-in dans l'aéroport de São Pedro, en empêchant momentanément l'embarquement de passagers plus chanceux, qui, eux, bénéficiaient de places dans un avion profitant d'une bonne fenêtre météo pour partir. Ils en ont été délogés (aimablement, je crois savoir) par la police et ont fait remonter l'info à leur tour-operateur (Autremer Marseille), qui a publié un communiqué de presse, voilà comment la dépêche est arrivée jusqu'à l'AFP et jusqu'aux oreilles/yeux de Jean-Marc. Au passage, la date du 28 décembre me semble un peu abusive, puisque, sauf erreur - et quelqu'un ici pourra aisément rectifier - c'est la date de leur arrivée sur l'île, après quoi ils sont allés se promener sur Santo Antão, et ça n'est qu'à leur retour de "l'île des montagnes" qu'ils se sont retrouvés bloqués.
Je crois qu'ils ont fini par affrêter un avion de la Cabo Verde Express, une compagnie spécialisée dans le charter inter-îles, c'est en tout cas les dernières nouvelles qu'ils m'ont données. Le soir même, les brumes se sont levées et il me semble bien que le premier avion TACV a pu décoller; en tout cas le lendemain la situation était quasiment redevenue normale. Il y avait beaucoup plus qu'une vingtaine de touristes bloqués, mais, à quatorze (pour Autremer) et à une dizaine (pour Secrets d'Afrique/Secrets du Monde), il est nettement plus difficile de trouver autant de places dispos simultanément. Mais ces touristes étaient fatigués d'attendre, il faut savoir qu'il est difficile de se loger à Mindelo en cette période de l'année, d'autant plus à quatorze dans le même établissement.
Chaque année, on subit un ou deux épisodes avec passage de "brumes sèches", qui paralysent les transports et qui, par ailleurs et sous un tout autre aspect, donne une luminosité parfois inouie, offrant le prétexte à de jolies photos (n'insistez pas, j'étais trop occupé). Ca dure en général 3-4 jours et, quand on le sait, on prend son mal en patience, on attend que ça passe, le pays n'est pas à feu et à sang. Il y a 3 ans, les ministres et officiels eux-mêmes avaient été empêchés de rejoindre São Vicente depuis Santiago alors qu'ils devaient assister au Carnaval de Mindelo où ils étaient d'autant plus attendus que, cette année-là, Mindelo était capitale culturelle des pays lusophones. Quand ça ne peut décoller, il n'y a rien à faire.
Pas de chance cette année, ces vents sont arrivés au moment même où les services météo étaient en grève depuis quelques jours. Cette semaine, le conseil d'administration de l'institut météorologique a présenté une démission collective. Dans ces conditions, difficile d'alerter les services aéroportuaires et les compagnies aériennes, encore moins les tour-operators.
J'ai encore croisé cet après-midi des danois qui attendaient de prendre un avion quelques heures plus tard, ils étaient en fin de liste: d'après ce que j'ai compris (
itze gebruijk veermeschen tzak alls rutt bneev gebruijk?), ça allait chauffer au boulot à leur retour, mais, logés grand luxe au Foya Branca, ils restaient souriants, en collectant les factures pour se faire rembourser par leur agence de voyage.
Si je puis me permettre un petit conseil: en cas de force majeure, restez patients. Je ne crois offenser personne en glissant malicieusement que la patience n'est pas une vertu française, c'est quelque chose qui s'acquiert avec le temps, les déconvenues et l'expérience, mais ça peut être bougrement utile. Le Cap-Vert est un pays calme, il n'y a pas d'épidémies, pas de guerres, pas d'émeutes, les gens y sont généralement archi sympathiques et aimables, toujours prêts à donner un coup de main à ceux qui viennent en vacances pour se relaxer.
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Mic.
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