Bonjour, un article sur l economy cap verdienne,
merci de me dire si cela reflete la r?alit? actuelle !!!!
Jos? Brito : ? Une population ?duqu?e exerce un contr?le sur le pouvoir politique ?
08-03-2008
Le Cap-Vert vivait essentiellement de l?aide publique au d?veloppement et des envois des ?migr?s. Temps r?volu. D?sormais, c?est l?investissement direct ?tranger qui met tous les voyants au vert. Jos? Brito, ministre de l?Economie, de la Croissance et de la Comp?titivit?, explique aux Afriques.
Par Ch?rif Elvalide Seye, Dakar
Jose Brito.
Le taux de croissance en 2006 a ?t? de 10,9%. En 2007, 7% et en 2008, entre 8 et 10%.
Les Afriques : Comment se porte l??conomie cap-verdienne ?
Jose Brito : Je consid?re que l??conomie du Cap-Vert se porte bien. Les indicateurs macro-?conomiques sont au vert. Le taux de croissance en 2006 a ?t? de 10,9%. En 2007, 7% et en 2008, entre 8 et 10%. L?inflation est bien contr?l?e, autour de 2% par an. Le d?ficit budg?taire entre 3 et 4%, les r?serves de change couvrent 4 mois d?importations. L?investissement priv? direct ?tranger est en pleine explosion. L?ann?e derni?re, 1 milliard de dollars d?investissements. D?Italie, d?Espagne, du Portugal et derni?rement d?Angleterre et d?Irlande. L?investissement priv? direct d?passe l?aide publique au d?veloppement et les envois des ?migr?s qui constituaient les piliers de notre croissance.
? Les ressources naturelles ne sont pas les plus d?terminantes pour le d?veloppement d?un pays. ?
LA : Quel est le moteur de la croissance ?
JB : Fondamentalement, le tourisme, puisque les investissements se sont faits dans le tourisme, mais il a tir? la construction qui a contribu? ? booster la croissance. L?atout structurel du Cap-Vert, c?est sa localisation, son climat. Les investisseurs ont vu, pas tr?s loin de l?Europe, une destination identique aux Cara?bes. Les investisseurs, c?est comme une boule de neige. Il suffit que quelques-uns arrivent pour que les autres suivent. Notre tourisme n?est pas h?telier. Il est r?sidentiel. Il est li? ? la saturation dans les Canaries. Les premiers investisseurs sont d?ailleurs venus des Canaries.
? Souvent, en Afrique, il y a une grande faiblesse institutionnelle. On a un peu tendance ? consid?rer que la d?mocratie c?est le vote. ?
LA : D?autres pays ont des atouts similaires mais n?en ont pas tir? parti comme le Cap-Vert.
JB : L?exemple du Cap-Vert est la preuve que les ressources naturelles, si elles sont importantes, ne sont pas les plus d?terminantes pour le d?veloppement. Je pense que les bonnes politiques sont les ?l?ments essentiels : la stabilit? politique, la stabilit? macro?conomique. Un gouvernement qui g?re en fonction de ses capacit?s, en tenant compte des indicateurs macro-?conomiques, qui persiste dans de bonnes politiques ?conomiques, fait des r?sultats. Je pense particuli?rement au d?veloppement de l??ducation. D?s l?ind?pendance, un effort particulier a ?t? fait sur l??ducation de base. Aujourd?hui, on est ? 100%. M?me pour le pr?-primaire, c?est-?-dire les 5 et 6 ans, on est presque ? 100%, le secondaire, 70%. L?accent mis sur l??ducation a ?lev? le niveau culturel des populations, leur jugement. Une population assez ?duqu?e est capable d?exercer un contr?le sur le pouvoir politique, pour l?obliger ? des comportements qui respectent l?Etat de droit, ? lutter contre la corruption, etc. Elle sait pouvoir changer de r?gime, faire l?alternance quand cela s?impose, et sans probl?mes. On peut changer de gouvernement, de r?gime politique, mais les politiques continuent ? ?tre les m?mes, fondamentalement. Il y a un certain consensus sur le r?le du march?.
L?Etat de droit est aujourd?hui consolid?. Le pouvoir judiciaire ind?pendant. Il n?y a pas d?intervention politique sur le pouvoir judiciaire. Il est assez fr?quent que l?Etat perde des proc?s sans que les juges ne soient inqui?t?s.
Souvent, en Afrique, il y a une grande faiblesse institutionnelle. On a un peu tendance ? consid?rer que la d?mocratie c?est le vote, ou l?alternance simplement. Je pense que cela n?est pas suffisant. Il faut que les institutions fonctionnent, qu?elles puissent prendre des d?cisions qui soient ind?pendantes des pouvoirs politiques.
En cr?ant cette confiance, on cr?e aussi les conditions pour que les investisseurs viennent. Le jour o? il y aura cette stabilit? institutionnelle, cette confiance aux institutions, les investisseurs ?trangers afflueront en Afrique parce que la rentabilit? des investissements est souvent sup?rieure ? ce que l?on peut trouver ailleurs.
LA : Est-ce que la r?partition des richesses au Cap-Vert ne provoque pas de tensions sociales entre les plus nantis et les plus d?favoris?s ?
JB : On note un gap entre ceux qui poss?dent et ceux qui ne poss?dent pas. C?est une r?alit?. Mais l?enrichissement des plus nantis ne se fait pas au d?triment des plus faibles. Il y a des couches qui s?approprient plus rapidement des richesses nationales que d?autres. Mais cela ne se fait pas par une augmentation de la pauvret?. La pauvret? est relative. Notre d?finition de la pauvret?, c?est tous ceux qui vivent en dessous de 40% de la moyenne nationale. Et comme la moyenne nationale augmente, ceux-l? augmentent. D?ailleurs, dans les enqu?tes sur les m?nages, le pourcentage des gens qui ont des t?l?visions, un frigo et le t?l?phone est relativement grand, mais ils se consid?rent pauvres. 70% des personnes enqu?t?es se disent pauvres alors que les statistiques les ?tablissent ? 28%. On peut interpr?ter ce comportement comme un d?sir d?avoir toujours plus. Quand on construit une route avec du pav?, au moment de l?inauguration les populations se disent insatisfaites et exigent de l?asphalte.
LA : Vous avez ?voqu? la volatilit? du tourisme. A plus long terme, sur quoi va reposer l??conomie cap-verdienne ?
JB : Nous avons eu, ? partir de 2001, toute une r?flexion strat?gique sur la base ?conomique pour le d?veloppement du pays, qui a r?uni toutes les couches du pays. Le consensus n?a ?t? que sur le court terme, il fallait profiter du tourisme et de l?industrie de transformation, mais sur le long terme, le tourisme n?est pas quelque chose de soutenable. C?est une activit? volatile. Aussi, avons-nous identifi? d?autres secteurs pour d?velopper le pays ? partir de ses avantages comparatifs : sa localisation et la mer. Le tourisme nous am?ne ? un d?veloppement de la fonction de transport. La mer, ce n?est pas que la p?che, mais aussi des services li?s ? la p?che.
Nous travaillons aussi pour le d?veloppement des services que l?on appelle offshore. Un travail syst?matique est fait pour d?velopper ce secteur. Dans le domaine technologique, nous avons d?velopp? un gouvernement ?lectronique. Nous avons pu int?grer les bases de donn?es de toutes les administrations et les faire parler entre elles. Aujourd?hui, il est possible effectivement d?avoir une information assez fiable. Cela se ressent dans les services rendus par l?Etat au citoyen. Aujourd?hui par exemple, je peux avoir mon certificat de naissance via Internet. Le Portugal vient de reconnaitre ces certificats de naissance d?livr?s via Internet. Et tout cela a ?t? fait par une ?quipe de nationaux.
D?autres choses sont en train d??tre faites dans d?autres secteurs avec l?id?e de r?duire notre d?pendance du tourisme.
Cap-Vert : l?archipel vertueux
? Le Cap-Vert (335 000 habitants) est un archipel tr?s peupl? ? 450 kilom?tres de Dakar, mais qui ne parvient pas ? nourrir sa population: il y a sensiblement autant de Cap-Verdiens dans les Iles du Cap-Vert qu'? l'?tranger. Un tiers du revenu moyen par habitant (500 dollars environ en 1983) est ainsi fourni par les transferts de fonds des ?migr?s. En 1983, l'archipel du Cap-Vert a ?t? de nouveau victime de la s?cheresse, comme les autres pays de la zone sah?lienne. Seule l'aide internationale permet ? ce petit pays de survivre, en contribuant pour pr?s de 50% ? son produit int?rieur brut et pour environ 80% ? son approvisionnement alimentaire ?, peut-on lire dans L'Etat du monde en 1983. La r?alit? est, alors, pire que les statistiques. Praia, la capitale, est certes tr?s propre, mais que de filles tr?s jeunes, enceintes ou avec un b?b?. Et puis que d?enfants, pieds nus, sur les br?lants pav?s.
Vingt-cinq ans apr?s, c?est un autre pays. Le PIB par habitant ?tait de 1938 dollars en 2006 selon le FMI. Plus de nombreuses filles-m?res, plus d?enfants pieds nus, plus de vieilles guimbardes poussives. Le pays a fini par avoir raison de l?adversit? de la nature. Sa gestion vertueuse a fini par payer. Quand les autres pays sah?liens distribuaient l?aide alimentaire, le Cap-Vert pratiquait un syst?me dit de capitalisation. L?aide ?tait vendue et le produit r?investi dans des projets de reboisement ou d'hydraulique rurale. L?archipel, dirig? par des marxistes, a ?galement eu tr?s t?t le souci du consensus national et de la perspective ? long terme. Cela a d?bouch? sur la premi?re alternance pacifique en Afrique et une grande stabilit? institutionnelle. La priorit? absolue ? l??ducation a fait le reste. L?archipel a montr? le cap. |