A lire les messages de Nevaaz, tous les gosses de 10 ans volent ou se prostituent.
Ca voudrait dire que, tous les matins, je vois des milliers d'enfants et d'ados faire semblant d'aller à l'école. J'en vois d'autres feindre d'aider leurs mères, de gros seaux d'eau sur la tête. En réalité, ce sont tous des bandits ou des prostitué(e)s.
N'importe quoi. Au secours.
Qu'on soit désabusé quand on est jeune, à l'adolescence, ça n'a rien de nouveau, et c'est universel. Si certains suivent une vocation, d'autres ne savent pas ce qu'ils feront quelques semaines, quelques années plus tard, c'est bien normal, qui n'est pas passé par là?
Quand Nevaaz prétend que la jeunesse capverdienne ne se responsabilise pas, je trouve ça curieux, j'ai comme l'impression que son séjour au Cap Vert a été trop court. Dans des conditions difficiles, je vois l'écrasante majorité des jeunes lutter, y croire, tout faire pour s'en sortir, pour aider la famille, pour payer les frais de scolarité des plus jeunes, créer ou rejoindre des structures associatives (sportives, musicales, religieuses, etc). Il y a aussi quelques jeunes qui tiennent les murs, qui préfèrent se fatiguer en regardant les autres bosser pour leur demander plus tard quelques pièces, ça existe, et ceux-là sont visibles, par définition. Mais rien à voir avec les armées de jeunes ou moins jeunes qui bossent sur les chantiers, dans les entrepots, dans les ateliers, dans les magasins, sur les marchés, dans les garages, sur les bateaux.
Certains touristes peuvent se laisser tromper par l'ambiance locale, surtout pendant les vacances: la préoccupation principale est alors de trouver les bonnes fêtes, les bonnes soirées, les moyens de rejoindre les plages les plus lointaines. Mais ce sont les vacances, et les jeunes ne se transforment ni en voleurs ni en prostituées.
La télévision est arrivée il y a peu, c'est vrai qu'elle marque un peu plus le fossé entre les deux mondes, entre le Cap Vert qui se débat et les pays riches (où, nous le savons tous, il n'y a pas de perte des repères). Ca peut en désabuser quelques-uns, mais pas de là à sortir dans la rue pour voler ou se vendre au premier touriste venu.
Il existe des voleurs, il y en a; ça serait curieux qu'il n'y en ait pas au sein d'une communauté de 400.000 personnes. Il y a des prostituées, une 30aine dans le centre de Mindelo (66000 habitants).
Au lieu de généraliser et de donner une aussi mauvaise et aussi fausse image des jeunes de ton pays, Nevaaz, renseigne-toi, creuse, cherche l'information et, si tu te sens l'âme d'une combattante, investis-toi pour aider tes cousins et cousines.
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Mic.
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