Décidément...
Nevaaz, tu peux avoir raison sur chacune de tes plaintes, il n'est effectivement pas rare que la TACV se plante, surtout en période de vacances, quand les vols sont pleins. Une petite correction tout de même: la TACV n'est pas la seule à pouvoir t'emmener au Cap Vert.
Mais surtout, il ne faut pas oublier ce petit détail: la TACV est une compagnie (et non une agence) aérienne nationale, c'est-à-dire qu'elle répond à une exigence de service public. L'Etat capverdien en est l'unique et principal actionnaire.
C'est dire si son budget n'a rien à voir avec celui d'une compagnie nationale française, portugaise ou espagnole. Rien à voir non plus avec la majorité des compagnies privées. Une compagnie privée, par exemple, ne serait pas obligée d'attribuer un de ses rares appareils à une ligne qui ne rapporte pas d'argent. C'est du matériel, du personnel et des ressources immobilisés pour rien. Pas vraiment "pour rien", puisque ça évite l'isolement de plusieurs îles. Grâce à la TACV, le commerce sur ces îles peut continuer, des familles peuvent se retrouver, de grands blessés et malades peuvent être acheminés vers des îles mieux équipées, etc.
Que la TACV soit petite avec des allures de grande, les usagers ne veulent pas le savoir. Ils veulent le même service que celui offert par des compagnies dix, cent, mille fois plus riches. Plus riches, ça veut dire plus expérimentées, avec un budget permettant de nombreux emplois, des suivis de formations, des appareils remplacés dans l'heure s'ils tombent en panne etc. La TACV, elle, tout comme le Cap Vert, se "débrouille". On lui demande de faire le même travail qu'Air France (mmmh, je ne sais pas si j'ai choisi un bon exemple...) ou que British Airways.
La TACV ne dispose pas de 30000 appareils, ni pour les liaisons internationales, ni pour les vols internes. Elle est la seule à assurer les vols inter-îles, quand on casse les monopoles pour les vols internationaux. Autrement dit, il arrive plus de gens de l'extérieur (ceux transportés par Air Luxor, par exemple), mais elle n'a pas plus de moyens pour les transporter à l'intérieur du pays. Les opérateurs touristiques puissants, ceux qui font du lobbying, ceux qui exercent des pressions économiques et sociales, ceux concentrés sur l'île du Sal, réclament plus d'avions internationaux pour amener plus de clients dans leurs sales hôtels sans charme, et se moquent totalement de savoir comment une petite compagnie va pouvoir faire face au flot des nouveaux arrivants.
Cet été, gros effet entonnoir: pour pouvoir sortir de l'île de Sal, c'était tout un truc. Pour pouvoir y revenir aussi. Beaucoup de gens s'y sont retrouvés coincés sans pouvoir attraper un avion pour en sortir.
On a amené plus de gens riches dans un pays pauvre, les gens riches veulent voir le pays pauvre, les gens riches veulent vivre le pays pauvre, ils veulent écouter la musique du pays pauvre, mais à l'heure de prendre l'avion, les gens riches veulent un pays riche. On leur a menti: le pays pauvre est un *vrai* pays pauvre, avec des moyens de pauvres.
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Mic.
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