Il est inutile de présenter la grande voix de la chanson capverdienne, ambassadeur de l'archipel sur les cinq continents (avec un doute pour l'Australie), récompensée plusieurs fois (Victoires, Grammy), gratifiée de plusieurs disques d'or.
Voici plutôt quelques réponses à des questions souvent posées à Mindelo.
Césaria Evora vivait-elle à Mindelo?
Oui, sa maison est située en centre-ville, à moins de 100 mètres du Tribunal. Quand elle rentrait de tournée, elle ôtait ses chaussures (pardon) et se reposait chez elle.
Etait-il facile de la voir?
Oui et non. Elle ne sortait que très peu, et quasiment jamais dans les endroits publics. Elle préfèrait se promener en voiture avec chauffeur, saluant gentiment tout le monde.
Il serait stupide d'y voir un quelconque signe de snobisme, c'est plus simplement que Mme Evora avait du mal à se déplacer et qu'elle craignait à juste titre les grands rassemblements.
Certains guides touristiques conseillaient d'aller la voir chez elle "où il y a toujours une cachupa prête pour les gens de passage". Il est notoire qu'elle était accueillante et qu'elle aimait à recevoir, certains touristes français sont repartis de Mindelo avec des sourires jusqu'aux oreilles.
Les admirateurs plus discrets préféraient la saluer certains soirs d'été, assise à prendre le frais devant sa maison. Plus magique, à mon avis.
Chantait-elle à Mindelo?
Non, c'était rarissime. Après son succès international, elle a arrêté de se produire dans de petits bars comme elle le faisait vingt ans plus tôt. Ces dernières années, elle n'avait joué en tout et pour tout qu'au festival de Baia das Gatas 2002, 2006 puis 2009.
Si vous voulez en savoir plus sur Césaria et, au passage, sur Mindelo, offrez-vous la biographie écrite par Valérie Mortaigne: "Césaria Evora, la voix du Cap Vert" (pour l'acheter, cliquez ici). On est loin du coup commercial surfant sur la mode capverdienne: l'auteur connait l'Histoire de l'archipel, elle le prouve à chacun de ses articles parus dans "Le Monde" (rien à voir avec la chaine culturelle Arte, qui, sans complexe, réussit à écrire: "Cesaria chante en Morna, la langue traditionnelle du Cap Vert, un blues océanique très proche du fado portugais : la Coladera").
Cela dit, le livre est consacré au Cap-Vert plus qu'à Cesaria Evora elle-même: l'amateur éclairé retrouvera d'ailleurs d'étranges et dangereuses similitudes avec le livre "Cesaria Evora" écrit par le portugais José Manuel Simões.
Enfin, le personnage était tellement attachant que nous lui avions consacré un site : Cesaria.info déroule aujourd'hui encore sa discographie complète, publie des photos peu connues, et parmi les rubriques essentielles au bonheur de l'humanité, le forum est une petite pépite d'or pour qui cherche des infos sur la diva aux pieds nus.
À noter que la jeune chanteuse n'est pas encore assez connue pour que son nom soit mentionné sur le recto des pochettes ; au verso, il est typographié "Cézaria Evora". Cliquez sur le portrait pour l'agrandir
Dans le premier 45t, le groupe reprend "Oriondina" [écouter] de B.Leza et interprète des compositions inédites: "Solo de Violão", "Ganha poco vive bem" [écouter] (que Cesaria chantera au fil des années) et "Quem tem odio" [écouter].
À la fin 2008, Lusafrica publie "Radio Mindelo", un album regroupant 22 morceaux enregistrés à la radio dans les années 60 par la toute jeune Cesaria, des enregistrements inédits conservés à la radio nationale.
Dans le second 45 tours, outre deux instrumentaux de Luis Rendall, deux morceaux de Frank Cavaquinho sont interprétés par la jeune Cesaria. Plus tard, fidèle une fois de plus à ses compositeurs, celle qui sera entretemps devenue diva reprendra ces mêmes morceaux.
Sabine largame [écouter]
Solo de violão 1 [écouter]
Quem bô é [écouter]
Solo de violão 2 [écouter]
Interprète les morceaux "Mar azul" [écouter] et "Belga d'ja bai" [écouter] sur la compilation Mar Azul abri´m camim (mer bleue, ouvre-moi le chemin) produite par l'OMCV (organisation de la femme capverdienne). Responsable de l'OMCV à l'époque et maire de Mindelo dans les années 2000, la pharmacienne Isaura Gomes convaincra Césaria Evora d'aller présenter cette compilation au Portugal. Depuis des années, la chanteuse avait renoncé à se produire et vivait recluse chez elle (voir interview dans la colonne de droite).
C'est à l'occasion d'un concert chez BANA
De très loin le doyen des chanteurs capverdiens, de la génération de Voz de Cabo Verde, un véritable crooner chantant mornas et coladeiras. À la tête d´une discographie impressionnante. Disparu en juillet 2013.
Cliquez pour découvrir sa discographie, écouter des extraits et voir des photos.
© Mindelo InfosBana à Lisbonne que le jeune José Da Silva entendra la voix de Césaria: larguant progressivement son métier de cheminot à la SNCF, il misera tout sur Cesaria et deviendra son manager et producteur, avec le succès que l'on sait.
Extrait d’une interview donnée au journal Ponto & Virgula par Cesaria Evora en 1983
Cesaria, nous entendons parler de toi et parfois nous entendons ta voix à la radio. Nous savons qu’après une période de grande activité, tu as disparu assez longtemps et aujourd’hui tu surgis soudain à notre plus grande surprise. Raconte-nous ce qui s’est passé ?
« Je n’ai pas disparu. J’étais à la maison tout ce temps, parce que j’étais angoissée à l’idée de chanter et d’enregistrer autant sans jamais en tirer un quelconque profit. J’ai été exploitée et je n’ai jamais eu la chance de pouvoir envisager la musique comme un avenir possible. C’est pour cela que je me suis enfermée chez moi sans avoir aucune envie d’en sortir. Si je sors aujourd’hui, c’est sur l’insistance d’amis comme Manecas Matos, Isaura et Biucas de Manotcha. »
Combien de temps es-tu restée exilée dans ta maison ?
« Près de douze ans. »
Où chantais-tu, avant cette période d’exil ?
« A la radio et dans des fêtes privées. »
Qu’as-tu gagné, avec les diques que nous écoutons encore aujourd’hui à la radio ?
« Rien, on ne m’a jamais rien donné pour mon travail, et c’est ce qui m’a principalement dégoûtée. Tout le monde pensait que j’étais malade ou même morte, mais j’ai toujours été bien portante. C’est moi qui ai décidé de faire comme ça. J’ai laissé croire à ma mort pour surprendre les gens ensuite. Et quand ils m’ont vu dans la rue, cette fois, il y en a eu pour penser que j’étais une revenante. Ils me posaient des questions auxquelles je répondais sans donner trop de détails, sauf aux personnes qui méritaient ma considération. À elles j’ai expliqué mon comportement : parce que, si j’avais été réellement malade ou si j’étais vraiment mortes, les autres ne s’en seraient jamais rendu compte, elles. »
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